Rechercher | |||
|
|||
L’accés aux cours permet de suivre “L’entrainement échiquéen” du maitre international Volodia Vaisman. |
Chaque peuple a sa propre « mauvaise herbe » qui va du petit pickpocket jusqu’aux plus grands gangsters. Mais les délinquants les plus dangereux sont ceux qui opèrent sous la couverture des lois, parfois même érigées par eux-mêmes ou par leurs protégés. Dans cette idée, les communistes roumains se sont toujours donné la peine d’avoir une Constitution et des lois démocratiques mais ils se sont doté en même temps d’institutions de répression au service d’une idéologie fanatique basée, entre autres, sur « la dictature du prolétariat » et « la lutte de classes ». Alors, dans ces conditions, tout excès devient possible...
Dans la première étape de leur terrorisme d’état (1945-65), le but était la liquidation physique des opposants, réels ou inventés. Aussi, le décret-loi de 21 avril 1945 instaura une instance de jugement spéciale dénommée « le tribunal du peuple » et déclencha toute une série de mises en scène pour décapiter l’élite politique, militaire et social-culturelle du pays : les 45 « criminels de guerre » coupables du désastre du pays (14 mai 1945), des anciens journalistes (30 mai 1945), les « grands traitres » dont Ion Antonescu (mai et octobre 1945), le général Aldea et ses 55 « complices » (18 novembre 1946).
L’année 1947 a connu cinq grandes campagnes d’arrestations politiques : en mars et mai contre les personnes désignées coupables de l’échec communiste dans les élections, en juillet-août et décembre contre la « bande nationaliste-paysanne » de Iuliu Maniu (1873-1953) et Ion Mihalache (1882-1963), accusée de haute trahison.
En 1948 furent incarcérés quelques milliers de membres des « Fraternités de la Croix » (15 mai), des anciens fonctionnaires de police (27 juillet), des ecclésiastiques « espions du Vaticane et des États-Unis », des hommes d’affaire accusés d’espionnage et de sabotage etc.
Dans la nuit de 2-3 mars 1949, environ 7.800 personnes furent transférées dans d’autres localités en « domicile obligatoire ».
Les 5-6 mai 1950 ont étés opérés d’autres arrestations dans les rangs des anciens partis d’opposition, des militaires et des fonctionnaires, comme des étudiantes qui ont tout simplement fréquenté la bibliothèque française ou d’autres missions étrangères.
Le 18 juin 1951 furent jetés dans le désert de Bàràgan 44.000 habitants frontaliers, dans le but de pouvoir ainsi confisquer leurs maisons et propriétés. Entre temps, furent arrêtés des dizaines de milliers de jeunes des différentes organisations considérées anticommunistes alors qu’en janvier 1952 auront lieu les procès des leaders social-démocrates, accusés de l’intention de vouloir casser « l’unité de la classe ouvrière ».
Les prétextes et les mises en scène étaient le plus souvent d’ordre politique : discussions ou attitudes hostiles, publications ou activités clandestines, outrage ou instigation publique, mysticisme ou prosélytisme religieux, passage illégal des frontières ou l’exil à l’étranger, actions considérées fascistes ou conspirations contre l’ordre communiste, espionnage ou haute trahison etc. Mais toutes ces accusations furent toujours renchéris car le but était, non seulement de réprimer à tout prix les « coupables », mais surtout d’intimider d’autres personnes. D’autre part, avec les années, la sévérité des peines s’est accrue en arrivant, par exemple, à la condamnation à mort en 1958 pour une infraction qu’en 1948 n’était sanctionnée qu’entre 3-7 ans de prison.
Préoccupés d’inoculer leur idéologie schizophrène, les communistes ne toléraient pas la moindre critique voire les blagues à peine chuchotées qui assuraient le bonne humeur clandestin des citoyens. En voici quelques échantillons :
Malheureusement, on pourrait être arrêté si on a écouté un poste de radio étranger ou à cause d’une blague ou un calembour entendus par des mauvaises oreilles. Quelques exemples :
* une jeune femme a demandé a son frère demeurant à l’étranger de lui envoyer une paire de culottes de perlon. La lettre interceptée, elle fut condamnée parce qu’elle a discrédité ainsi son pays.
* parce qu’il a traité un patron de parti de grand crétin, l’imprudent a reçu 25 ans pour « divulgation d’un secret d’état » + 3 mois pour « outrage envers un citoyen de la République »
* Bien que ancien illégaliste, le professeur en économie Belu Zilber n’a pas fait gaffe lorsqu’il s’est exprimé ainsi : « la classe ouvrière attend toujours que le camarade Gh.Gheorgiu-Dej passe son bac » Il a payé cela avec 17 années de prison !
* un inconnu qui visitait dans les années ’50 une exposition vantant la technologie soviétique, ce serait exprimé ainsi : « avec une telle technologie, les Soviétiques arriveront bientôt les premiers au monde ! » Une remarque qui se voulait élogieuse mais qui a été jugée en véritable insulte à l’adresse du « frère de l’Est » car on sous-entend qu’il n’est pas encore le meilleur et qu’il est donc derrière les Américains. Conséquence : 4 ans de prison !
* enfin, Alexandru-Pàstorel Teodorescu (1894-1964) fut condamné en 1960 à la confiscation de tous ses manuscrits + 6 ans de prison pour cette petite épigramme dédiée à la statue du libérateur soviétique (traduction libre) : Soldat russe, mon vieil pote / Qui t’a hissé si haut ? / Ce parce que tu a délivré des pays / Ou parce que tes pieds sont pourris ?
Au bout de la Sécuritate et de son système juridique se trouvaient les prisons où les bourreaux continuaient le « travail » d’extermination : détentions illégales, traitements inhumains, maltraitances, tortures, assistance médicale inexistante, privation de médicaments, rations alimentaires réduites au minimum, travail forcé de 10 heures par jour etc. Les communistes ont aussi expérimenté la « rééducation par la torture » dans les prisons de Suceava, Pitesti, Gherla et Tg. Ocna ou par le travail forcé dans les détachements DGSM où étaient exploités des anciens bourgeois et koulaks, des fils de détenus politiques ou ayant des parents à l’étranger ou à la construction d’un canal liant le fleuve Danube à la mer Noire, où il avait toujours entre 40-60 mille de « parasites, réactionnaires et ennemis du peuple ».Ainsi dans la prison de Sighet furent incarcérés 90 des anciens ministres et secrétaires d’état ainsi que des prélats d’église dont les survivants ont été transférés en 1955 dans la prison de Ràmnicul Sàrat. En 1957 ont été arrêtés deux mille étudiants de Timisoara, Cluj, Bucarest et Iassy, suivis entre 1958-61 de nombreux universitaires et intellectuels.
Il va de soi qu’à l’époque je ne connaissais pas tout cela car j’étais trop jeune et même le fait de s’intéresser à des telles choses était considéré un délit. De toute façon, cette répression a continué avec la chasse contre les groupes de partisans des montagnes ainsi que les dissidentes et les intellectuels protestataires des années 70-80, avec les représailles contre les grévistes de la vallée du Jiu 1977 et de Brasov 1987, avec les massacres à l’occasion des différentes démonstrations etc.
Si au début l’objectif était avant tout de « libérer » les places et s’approprie les richesses du pays, plus tard la répression est devenue plus insidieuse par l’intimidation continue d’une population en bonne partie apprivoisée ou démoralisée. Alors, la véritable répression ne s’exerçait que contre la contestation ou la révolte, qui couvaient d’ailleurs sous des formes dissimulées à tous les niveaux et dans tous les domaines.
Par ma nature artistique, j’ai toujours aimé me pencher sur un étude voire un problème d’échecs : dans cette période estudiantine cette passion s’est encore davantage développée, lorsque je passais des heures devant une position proposée par le grand problémiste Paul Leibovici (1907-1968). Et sous son impulsion, je me suis davantage approché de ce domaine en essayant même de composer. Car, si le jeu sur l’échiquier sollicite nos qualités combattives, les Échecs artistiques nous amènent dans un monde à part où on peut savourer la beauté des solutions imprévues.
Étudiant en lettres et apprenti journaliste, je me suis toujours amusé à trouver des « traductions » marrantes à la terminologie trop technique des Échecs artistiques, dont voici quelques-unes :
Voyons maintenant quelques-unes de mes compositions de l’époque :
La clé 1.Dg6 ! prépare 2.Cc5 et 3.Dxe6 # En se défendant, les Noirs essayent de contrôler la case c5 ou gagner du temps. Alors, à chaque tentative, les Blancs opposent un coup unique avec leur Roi en s’exposant ainsi à un échec. La subtilité du problème est qu’à chaque échec noir suit un contre-échec blanc et mat ! - 1...Fd4 2.Rf1 ! Fc4+ (Rc4) 3.Te2 (Dxe6)# - 1...exd6 2.Rg3 ! Fxe5+ 3.Tf4 # - 1...Fc4 2.Rg1 ! Fd4+ 3.Te3 # - 1...Fxe5 2.Td4+ Rxd4 (Fxd4) 3.Dd3 (Dxe6) # |
2 # (Composition rapide 1959)
Un amusant meredith (maximum 12 pièces) composé en moins de 10 minutes et repris dans le Bulletin de Anatoly Ianovcic (1976). 1.Tc4 ! (menace 2.Da4 #) et ici : - 1...Rxc4 2.Fd3 # - 1...Tb6 2.Txc5 # - 1...dxc4 2.a4 # - 1...Ta6 2.Dxc5 # - 1...Rc6 2.Cd4 # - 1...Tc6 2.Ca3 # |
2 # (Concours thématique rapide 1960)
Le thème des essais en miniature (maximum 8 pièces), par exemple : 1.Dc1 !? (avec l’idée 1...dxc5 2.Dxc5 # ou 1...e5 2.Dc4 # ou encore 1...Re5 2.Dg5 #) mais 1...d2 ! ou 1.Dd2 !? (avec l’idée 1...Re5 2.Dg5 # ou 1...e5 2.Da2 # ) mais insoluble après 1...dxc5 ! D’où la solution 1.Dg1 ! (menace 2.Dd4 #) avec les variantes : - 1...dxc5 2.Dxc5 # - 1...Re5 2.Dg5 # - 1...e5 2.Dg8 # |
Les Blancs jouent et font nulle (1976)
Ne va pas le direct 1.Rd4 c5+ 2.Rd5 c4 3.a5 c3 4.a6 c2 5.a7 Fc6+ 6.Rxc6 c1D+ (ou 7.Rd7 Da1 !) Rb5 ! 8.a8D Dc6+ 9.Rb8 Dxd6+ 10.Rc8 Df8+ 11.Rb7 De7+ 12.Rc8 De8+ 13.Rb7 Dd7+ 14.Rb8 Rb6 -+ La solution : 1.a5 ! Rxa5 2.Rd4 Rb4 (ou 2...Rb6 3.Re5 c5 4.Rf6 ! Rc6 5.Re7 c4 6.e5 c3 7.e6 c2 8.d7 etc.) 3.Re5 c5 (après 3...Rc5 4.Re6 Rd4 ne marche pas 5.Re7 Re5 ! ou 5.e5 c5 6.Rf6 Rd5 mais 5.d7 ! Fxd7+ 6.Rxd7 c5 7.Rd6 ! =) 4.Rf6 ! (perd 4.Rf5 c4 5.e5 Rd5 ou 4.Re6 c4 5.Re7 Fc6 6.e5 c3 7.e6 c2 8.d7 c1D 9.d8D Dg5+ ou encore 4.Rd5 c4 5.e5 c3 6.e6 c2 7.d7 Fxd7 8.exd7 c1D 9.d8D Dd1+) 4...c4 5.e5 c3 (si 5...Rc5 6.Re7 ! =) 6.e6 c2 7.d7 Fxd7 8.exd7 c1D 9.d8D = |
Les Blancs jouent et gagnent (1962) Paradoxalement, le pion noir a2 ne peut être arrêté que par 1.Fe5+ !!, par exemple :
|